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UNE QUESTION DE FOI ! Appel pour les Vocations

Chaque année, nous prions pour que des jeunes entrent en année de discernement appelée propédeutique. Le P. Jean-Philippe Benoist revient sur l’appel et sa réponse de foi

Cher jeune,

c’est la période des ordinations dans toute la France et comme chaque année tout le monde scrute les chiffres. Cette année il parait qu’il y en aurait 88 pour toute la France. C’est peu ! Du coup chacun y va de son couplet pour se lamenter sur cette réalité, chercher une explication afin de se rassurer, voir chez certains se réjouir d’une façon malsaine d’être confortés dans leurs idées que l’Église est en train de sombrer.

Mais tout cela c’est du vent ! les chiffres, les mots, les explications, les lamentations…. Du vent ! Ce qui est terrible c’est que nous aimons nous délecter de ce vent malsain. Cela nous rassure ; quelques soient nos opinions d’ailleurs ! Mais pendant ce temps-là, qui se préoccupe du Salut des âmes ? qui se préoccupe de crier à temps et à contretemps que le Royaume des Cieux n’est pas de ce monde ? qui te propose le véritable but de ta vie ?

Car en réalité, c’est là que se trouve la vraie question. Tu vois, je crois que le problème fondamental du manque de vocation n’est pas un problème de forme, de réforme institutionnelle, de liturgie… Tout cela a des conséquences c’est certain, mais le nœud du problème n’est pas là !

Le nœud du problème, c’est que toi et moi, nous manquons de Foi. Pour entrer en propédeutique, la question qu’il faut se poser c’est celle du but de sa vie, de sa finalité. Le fond de la question, c’est de savoir pourquoi j’existe. Si véritablement je suis chrétien, si je crois en Dieu, si je suis un catholique fervent, puis-je me contenter du bonheur de cette vie ? C’est là qu’est le problème. Nous n’envisageons plus notre vie dans l’optique du Royaume des Cieux prêché par le Christ.

Oh certes ! nous avons encore l’espérance et la conviction qu’après notre mort, moyennant un peu de pénitence et de foi en la miséricorde divine nous arriverons à entrer discrètement au paradis. Et c’est déjà quelque chose ! Mais l’Espérance Chrétienne, la foi au Christ ce n’est pas un petit marchandage, une petite magouille pour trouver la paix intérieure avant ou après la mort. C’est bien plus que cela ! Le Verbe de Dieu ne s’est pas incarné pour nous proposer une assurance vie éternelle ou des conseils « bien-être intérieur ». C’est pour bien plus que cela !

Non pour y chercher des détails sur la fin du monde comme dans un film catastrophiste américain… Ta curiosité serait d’ailleurs déçue ! Mais pour retrouver le sens véritable de ce livre. C’est aujourd’hui la fin des temps ! Ce grand combat entre la Femme, sa descendance et le Dragon c’est aujourd’hui qu’il s’accomplit. Cette liturgie magnifique, où l’on n’y comprend pas grand-chose entre les vieillards qui jettent leurs couronnes, les élus qui chantent et les anges qui font de la trompette devant le trône sublime de l’Agneau ; c’est aujourd’hui ! C’est ici et maintenant, dans la vie de ce monde que se déroule cette grande liturgie des élus !

Elle est là l’espérance chrétienne ! Le but de ma vie de chrétien, ce n’est pas d’avoir un métier qui a du sens, une réussite humaine, une vie familiale ou affective heureuse, ni même de transformer la société, ni même d’entrer au Paradis après ma mort ! Non, le but de ma vie chrétienne c’est de la vivre dès maintenant devant le trône de l’Agneau ! Tout le reste, ce que j’ai énoncé juste avant, ce n’en sont que des conséquences. Je suis fait pour Dieu et Dieu seul ! Le but de notre vie, c’est aujourd’hui que cela commence, dans le fait de tout envisager, de tout vivre devant le trône de l’Agneau.

Il est là notre problème ! Sans fin, nous ergotons, nous nous chamaillons à l’intérieur de l’Église sur des questions de formes, de structures, de liturgies humaines… Certes nous sommes incarnés et ces questions ont leur importance, mais comme conséquence de notre vie avec Dieu et non comme un but à atteindre. Vous pourrez faire toutes les réformes structurelles de l’Église que vous voudrez, si vous n’avez pas la foi, vos péchés resteront toujours les mêmes, vous ne vous convertirez pas. Vous pourrez toujours célébrez toutes les plus belles liturgies que vous voudrez, si vous n’avez pas la foi elles ne célèbreront que vous-même.

Lorsque je discute avec des catholiques de tous bords, jeunes ou moins jeunes, reviennent souvent les mêmes rengaines : ça ne va pas ! la société s’effondre ! les abus dans l’Église ! l’avortement, l’euthanasie, tous les problèmes de bioéthique ; les querelles liturgiques interminables ; la décadence généralisée ! Ce sont des sujets graves et importants. Mais nous raffolons de ces discussions interminables et vides qui malheureusement ne servent strictement à rien.

On s’y vautre à longueur de réunions pastorales, de discussions sur les réseaux sociaux et d’éditos dans les différents journaux cathos. La solution ne se situe pas dans toutes les belles paroles que nous prononçons ou écrivons. La solution est dans notre conversion personnelle. Il n’y a pas d’autre voie. C’est seulement si nous cessons d’être des chrétiens mondains et tièdes qu’alors nous pourrons résoudre peu à peu ces questions !

Tu veux transformer la société ? Convertis-toi ! tu veux renouveler l’Église ? Sois saint ! Si véritablement je crois ce que j’affirme dans le credo : « Je crois en l’Église une, sainte, catholique et apostolique » alors le problème ce n’est pas elle, mais c’est moi qui ne fais pas assez rejaillir sa sainteté ! L’Église a besoin de saints ! C’est grâce à eux qu’elle avance ! C’est grâce à eux qu’elle se réforme !

En fait, vois-tu, je crois que le problème de la crise des vocations est en fait au plus profond une crise de la sainteté. Est-ce véritablement le but de ta vie, de la mienne ?

Cher jeune, tu fais le même constat que moi. Tu vois l’état de notre société, de notre Église. Pour y répondre, tu cours les différents pèlerinages pêchus, tu rejoins tel ou tel fantastique groupe de jeunes, tu enchaînes les conférences de tel cardinal et les récollections de tel prédicateur à la mode… Tout ça est très bien, continue ! Mais quand t’engageras-tu profondément dans le véritable combat de ta vie, celui qui te placera définitivement devant le trône de l’Agneau. Quand envisageras-tu sérieusement de quitter ton confort pour suivre le Christ ? de donner ta vie à sa suite ?

Si tu as eu la chance de pouvoir vivre tel camp pêchu avec de supers topos, si tu as la joie de pouvoir aller aux JMJ, si tu as connu la grâce de vivre de belles confessions, si tu as été heureux d’assister à tel mariage magnifique… Tout cela n’a été possible que parce que des jeunes avant toi, ont décidé de tout quitter pour donner leur vie pour le Christ et pour toi. Je sais ce que tu vas me répondre : « mais moi je n’ai pas la vocation ! je veux faire Saint-Cyr ! être ingénieur ! faire le tour du monde ! m’engager en politique ! etc. » Bien !

Ce sont de beaux projets, et il faut que de véritables chrétiens les portent. Mais avant d’y rêver, as-tu seulement pris le temps d’envisager de te donner pour quelque chose de plus grand ! As-tu dans ton cœur laissé au Seigneur la possibilité de t’appeler ?  « Oui, vas-tu me répondre, je me suis posé la question mais Dieu ne m’a pas répondu ni fait de signe. » Le Seigneur aime infiniment notre liberté, il prend soin d’elle.

Dieu n’a pas la possibilité de t’appeler au fond de ton cœur si celui-ci est occupé par toute sorte de rêves ! Il ne t’enverra pas un ange pour t’appeler ou un signe extraordinaire. Il faut que tu prennes les moyens d’entendre son appel. Pour cela envisage ta vie devant sa face et mets en place une véritable vie de prière. Chaque jour, prend le temps de le rencontrer par la prière, et là, dans le silence de ton cœur tu pourras alors entendre sa voix qui t’appelle : « Viens ! Suis moi ! »

Père Jean-Philippe Benoist
Supérieur de la Propédeutique

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